L'interprétation politique des œuvres littérairesHerausgegeben von Carlo Umberto Arcuri, Andréas Pfersmann2014 | Éd. Kimé (externe Seite) Exemplar verfügbar: Ja Sprache: Französisch Seiten: 270 ISBN: 978-2-84174-649-1 Le binôme « politique-littérature » s’inscrit en faux contre le discours régnant dans les disciplines littéraires, marquées aujourd’hui par le poids envahissant des sciences cognitives qui prolifèrent sur fond de néo-kantisme et de philosophie analytique. Qu’à cela ne tienne, les promoteurs de ce recueil, issu d’un colloque qui s’est tenu en juillet 2012 à l’Université de Paris 3 – Sorbonne nouvelle dans le cadre du projet ANR « Hermès », estiment d’une part que le potentiel politique des phénomènes artistiques n’est pas en contradiction avec leur autonomie, et de l’autre que la connaissance véhiculée par les textes ne saurait être dissociée de leur teneur politique au sens large. Dès lors, s’interroger sur l’interprétation politique des œuvres littéraires ne revient pas à privilégier une option herméneutique au détriment d’autres, mais tout d’abord à faire l’inventaire d’un vaste chantier, avec ses lumières (les esthétiques « résistantes » de Th. W. Adorno, W. Benjamin, B. Brecht, L. Goldmann, F. Jameson, G. Lukács, J.-P. Sartre) et ses ombres (les appropriations fascistes de la tradition littéraire, les «panthéonisations» instrumentales de certains auteurs, le quadrillage policier, voire « consensuel », de l’herméneutique des textes dans les pays où la critique est au service d’un contrôle implacable des consciences). Loin de conduire à une attitude désenchantée ou résignée, au diapason du discrédit de la politique auquel nous sommes quotidiennement confrontés, un tel repérage semble aboutir à un premier constat paradoxal. Il se peut qu’une lecture politique des œuvres littéraires soit à la fois une menace et la seule façon de rendre radicalement justice à un acte de création censé jouir d’une autonomie maintes fois postulée. |